Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde

Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde


Ecrit par Steven Hall,

Première publication en 2007.

 


http://myboox.f6m.fr/images/livres/reference/0001/05/et-dormir-dans-l-oubli-comme-un-requin-dans-l-onde-steven-hall-9782221108543.gifEric Sanderson se réveille un matin dans une maison qu’il ne connaît pas, complètement amnésique. Il trouve sur la table une lettre dans laquelle son ancien moi lui demande d’entrer au plus vite en contact avec une psychiatre. Celle-ci lui apprend que depuis la mort accidentelle de sa fiancée, Clio Aames, il a sombré dans une profonde dépression, et a connu onze épisodes dissociatifs. Mais bientôt, une série de lettres, d’indices et de textes codés qu’il s est lui-même envoyés l’aide à reconstituer l’histoire véritable de son passé. Il découvre qu’un requin conceptuel, qui vit dans les eaux troubles de la pensée les flux de lettres, de mots, de communications humaines qui ont acquis une texture vivante , le traque et dévore ses souvenirs. C’est en voulant modifier le passé, pour ramener celle qu’il a aimée à la vie, qu il a accidentellement libéré ce monstre de pensée, et s’est condamné lui-même. Il part alors à la recherche de Trey Fidourous, un docteur du langage, le seul à pouvoir le sauver d’un anéantissement progressif. Le monde du langage acquiert ainsi dans le récit une vie propre, et constitue un monde parallèle, puissant et effrayant, au sein duquel le héros va devoir s’enfoncer pour recouvrer la vie, et la femme qu’il a perdues. Ce roman moderne, poétique, jubilatoire est construit comme un puzzle onirique, au suspense très efficace. C est aussi une subtile réflexion sur les dangereuses propriétés du langage, la fragilité de nos identités et de la mémoire : jeux typographiques, messages mystérieux, fragments d’encyclopédie imaginaire y forment un jeu de piste fascinant. Sondant la perte, l’amour et le deuil impossible, Steven Hall reprend magnifiquement le mythe d Orphée et d Eurydice.

 

 

« C’est vraiment un truc énorme, a-t-elle répondu. C’est un putain de truc énorme. » 


 

On découvre Eric, un homme d’une trentaine d’année, qui vient de se réveiller totalement amnésique : s’ensuivent quelques chapitres sans originalité pour ceux qui ont déjà lu quelques romans du genre. J’avais auparavant découvert Avant d’aller dormir et Robe de marié, deux romans très différents l’un de l’autre et très éloignés du roman qui nous intéresse aujourd’hui, mais l’amnésie de départ y est traitée d’une manière très similaire. Pas de surprise donc, mais ces premières pages mettent en place des éléments nécessaires à la construction de l’intrigue.

On découvre ainsi qu’Eric savait qu’il allait finir totalement amnésique, et qu’il avait mis en place un système d’envoi de courrier automatique. Chaque jour, le nouvel Eric reçoit donc une lettre ou un colis de son ancien « Moi ». Cependant, la psychologue qu’il consulte le met en garde contre ces lettres : il ne doit surtout pas les lire s’il veut espérer guérir, le mieux étant de les lui confier.

Le mal est pourtant déjà fait, puisqu’Eric a malcontreusement lu la première missive. Et celle-ci le mettait en garde : il ne doit pas croire sa psychologue et médecin ! Son ancien « Moi » lui conseille de ne parler de ces lettres à personne et de les lire le plus soigneusement possible. A croire cette lettre, il est en danger, et seul ce premier Eric – celui qu’il était – est en mesure de l’aider et de le protéger. Alors, que faire et surtout, qui croire ? Notre héros choisit de ne pas lire les lettres, mais de les conserver dans un placard; de ne pas parler de ces courriers à son médecin, mais de continuer à la consulter. Le lecteur, déçu de ce choix qui n’en est pas un, ne peut qu’observer Eric s’enfermer dans une routine des plus affligeantes tant elle est banale, et l’on glifflerait presque cet homme qui ne se soucie pas de l’homme qu’il était, ni de la raison pour laquelle il a perdu si brusquement tout ses souvenirs – toute sa vie ! – et qui préfère se contenter de vivre pour vivre, se complaisant d’être si simplement vivant.

 

Enfin, il se passe quelque chose. Eric reçoit un colis, un gros carton débordant de lettres adressées à des inconnus, et qui contient également deux vieux cahiers, les fragments d’une ampoule et une cassette vidéo. Cette fois, sa curiosité n’y résiste pas. Il visionne la vidéo, lit les cahiers, examine les fragments. Et s’endort, épuisé par l’excitation de ses découvertes. 

 

BOUM.

Il sursaute, se réveille. BOUM. Quel est ce bruit qui va s’intensifiant ? 


Le bruit provient d’une pièce adjacente à sa chambre, fermée à clé depuis le début du roman. Eric, trop satisfait de son quotidien banal et de son existence sans souvenir, n’a jamais souhaité l’ouvrir : elle pourrait contenir son passé, pourrait bouleverser son existence bien réglée et si profondément ennuyante.

[Soupir du lecteur]

Mais ce bruit violent, intense, dérangeant, va perturber ses habitudes. Il ouvre la pièce. Et ne trouve rien d’autre qu’un petit meuble, ne contenant qu’une page de texte. Sa déception lui fait ouvrir une bouteille de vodka. Il lit le texte. Et s’endort, épuisé par le non-sens du tout.

[Soupir du lecteur]

A son réveil, il se fait attaquer par une chose invisible et violente. C’est soudain, c’est inattendu, et pour le lecteur somnolent, c’est surtout inespéré. Hélas, ce soudain intérêt pour l’histoire est enrayé, voire annihilé, par l’écriture de l’auteur: car il faut le souligner, à la première lecture, le texte est d’une complexité à se fracasser la tête contre le mur. 

J’ai relu. Puis encore relu.

Ma conclusion de ces relectures, est que ce n’est pas l’histoire qui est compliquée, mais les choix narratifs de l’auteur qui sont malheureux. Pour décrire un événement complexe, l’auteur choisit d’écrire des phrases d’une même complexité : le contenu réflète certes le contenant, mais quel est l’intérêt ? D’une part, ce sont de longues phrases. Puis, ces phrases sont volontairement sans virgule, multipliant les conjonctions de coordination; ou sans conjonction de coordination et foisonnant de virgules, cela dans le but évident d’entretenir un style lapidaire, un rythme dynamique et qui ne laisse pas respirer. C’est un style recherché, voulu. Compréhensible sur un paragraphe. Mais sur deux pages, c’est tout simplement lassant ! L’angoisse de la situation aurait pu être écrite différemment, et peut-être plus élégamment et plus efficacement que par une accumulation de mots, d’ajectifs et de participes présents très peu esthétiques, qui rendent lourd et indigeste l’ensemble. Très clairement, on se perd dans cet amas de lettres qui ne permettent pas au lecteur de concevoir l’attaque dans son esprit. Steven Hall ne parvient pas à donner vie au prédateur, il l’enterre sous un flot d’idées confuses, de mots en délire, d’idées inutiles. Bien sûr, il y a les calligrammes : mêlant adroitement l’art du dessinateur à celui de l’écrivain, ces dessins faits de lettres sont censés aider le lecteur dans sa compréhension du texte. Malheureusement, ils sont dans ces premières pages trop mystérieux pour être compris, et ne gagneront en sens que lorsque le lecteur aura connaissance des théories développées par l’auteur. 


J’ai haussé les épaules et poursuivi ma lecture. Je n’étais cependant pas la seule à ne pas comprendre : Eric, assommé par la violence de l’attaque, fini par se réveiller. Son salon est un champ de bataille, ses souvenirs confus, l’incompréhension totale. Il a peur. Alors il se précipite vers le placard aux lettres, et les ouvre sans méthode, au hasard du papier sous ses doigts, pour essayer de comprendre. Les ouvrir dans l’ordre chronologique de leur arrivée – les lettres sont numérotées – aurait certainement été plus efficace (…).


Une fois les lettres ouvertes, le lecteur est submergé par un flot d’informations : les réponses à ses questions afflux pages après pages, les explications sont floues, puis reprises et ré-expliquées, affinées. Puis d’autres passages sont encore repris pour être mieux expliqués. Et il faut tout retenir, ingurgiter des théories difficilement concevables et des méthodes de protection saugrenues si l’on espère comprendre les trois cents prochaines pages. L’exercice est non seulement difficile, mais les « nombreuses espèces de poissons purement conceptuels qui nagent dans les flots des interactions humaines et dans les marées de la causalité » et les boucles conceptuelles non divergentes décourageront plus d’un lecteur. 


Il faut plusieurs dizaines de pages pour se familiariser avec les poissons conceptuels, pour se fabriquer une image plausible du ludovicien, le requin conceptuel. Il faut surtout ouvrir son esprit et accepter de croire en une forme de vie inconnue de notre réalité scientifique. Cependant, si l’on persévère et que l’on ne doute pas de ses capacités de compréhension, les choses vont lentement se mettre en place. La deuxième partie de l’ouvrage débute, et il faudra compter une bonne cinquante de pages encore pour commencer à prendre du plaisir à cette lecture. 

 

Pour exprimer en quelques mots la théorie développée dans ce roman : lorsque nous pensons, que nous communiquons, que nous réfléchissons – plus succinctement, lorsque nous faisons fonctionner notre esprit – nous créons des flux. Ce sont des flux de lettres, de mots, de phrases en dehors de notre réalité concrète et qui fonctionnent comme des flux marins. Or, dans l’océan, il y a des poissons. Pourquoi n’y aurait-il pas de poissons dans un océan de mots ?

Les flux sont donc conceptuels, puisque les mots sont des concepts et que ce sont les mots qui constituent les flux. Les poissons seront donc des poissons conceptuels.

Il y a, comme dans notre réalité concrète, des poissons conceptuels préhistoriques et fossilisés. Différentes espèces, certaines primitives, d’autres plus développées. Certaines espèces sont disparues, d’autres sont dominantes. Le ludovicien est un requin prédateur conceptuel, rare, violent et puissant, dont Eric est la cible.

 

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      Merci à l’auteur de ce chef-d’oeuvre informatique, qui permet aux lecteurs migraineux et sur le point d’abandonner la lecture du roman à la fin de la 1ère partie de visualiser cette théorie.

 

A ce stade du roman, la trame s’éclaircit. On perçoit mieux le passé d’Eric, les raisons de son amnésie et la quête qu’il va entreprendre : retrouver un certain Dr Fidorous, spécialiste du langage et connaisseur de ces poissons, afin de trouver – sinon la mémoire – une solution efficace pour se débarrasser de ce prédateur conceptuel. 


Alors qu’il est à la poursuite de son passé, Eric va découvrir les fragments d’un amour intense qu’il a vécu quelques années plus tôt avec une jeune femme, Clio. Celle-ci est décédée alors qu’elle plongeait au large d’une île grecque sur laquelle ils passaient leurs vacances. 


Dès leur premier entretien, la psychologue d’Eric suggère que les différentes amnésies de ce dernier sont probablement des résultantes de cette tragédie sentimentale. Un refus d’Eric d’accepter la mort de sa compagne. Mais très vite, cette hypothèse est réfutée par l’apparation du ludovicien : ce monstre conceptuel a été relâché par Eric lui-même, alors qu’il pensait pouvoir sauver sa compagne – pourtant décédée. La tentative désepérée d’un homme fou d’amour pour ramener sa bien-aimée à la vie, le suicide plein d’espoir d’un esprit prêtant trop de véracité à d’anciennes légendes indiennes. On comprend facilement qu’Eric fut dépassé par les événements et par la puissance du ludovicien, et que lentement ses souvenirs ont été dévorés par ce prédateur conceptuel. 

 

 

La seconde partie du roman peut être définie comme une double quête : la quête de celui qu’il était, mais également la quête de celui qu’il est devenu. Ce second Eric doit construire sa personnalité, apprendre à se connaître, découvrir des émotions. Cette seconde partie est également beaucoup mieux rédigée : si la construction des phrases reste maladroite, elles m’ont toutefois semblée plus abouties, plus réfléchies. J’ai eu le sentiment que Steven Hall avait imaginé et écrit ces trois cents dernières pages, avant d’écrire le commencement de son roman. Un sentiment confirmé par l’auteur lui-même, qui confie dans plusieurs réponses données à ses lecteurs [ici] que cette seconde partie de l’histoire a été la première couchée sur papier, et qu’ensuite il a dû forcer son imagination pour trouver les bons mots afin de l’introduire. 

Le manque d’expérience de l’auteur, dont Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde est le premier roman, justifie bien entendu le manque de saveur de sa plume lorsqu’il s’agit d’écrire un texte dont il ne s’est pas pleinement imprégné au préalable.

Je pense que le style de Steven Hall peut réellement se bonifier et gagner en maturité avec le temps : j’ai relevé dans ce roman de très bons passages que j’ai pris plaisir à relire. Il excelle notamment lorsqu’il s’agit de dépeindre une ambiance lourde, pesante, écoeurante; de faire ressentir au lecteur le dégoût éprouvé par un personnage – au point de me donner l’envie de vomir ! Sa plume est également très fine et douce pour décrire le chagrin et le deuil, les émotions glissent sur les mots et atteignent aisément le lecteur. Des paragraphes douloureux et très justement écrits. D’ailleurs, sur la page que je citais précedemment, un lecteur demande à Steven Hall s’il a déjà connu le deuil et s’il s’en est inspiré pour écrire ce chapitre, tant les émotions sont sincères.

 

 

« Je me souviens sans cesse de nouveaux détails. Il y a une seconde à peine, c’était la manière dont nous avions réussi à préparer un petit-déjeuner anglais sur notre camping-gaz, le matin où nous avions plié bagage à Naxos avant d’aller prendre le bateau. Tous ces souvenirs, ils font tous tellement mal et chacun d’une façon tellement différente que je pense ne jamais pouvoir les supporter dans être déchiré et répandre mes douleurs par terre. Ce qui est encore pire, ce qui me rend malade, c’est qu’aucune des choses dont je crois me souvenir à son sujet n’est entièrement vraie ou complète. Je la perd déjà au profit de généralisations, le murmure chinois sans fin de la mémoire. »

 


Les jeux typographiques développés dans cette seconde partie sont également très intéressants, et le folioscope (ou feuilletoscope, ou encore flip book) est une pure réussite dans l’affrontement final avec le requin. L’utilisation des pages blanches pour figurer la plongée soudaine dans l’océan et le rythme ralenti, presque figé des événements est très pertinente. Cela autorise également le lecteur à mieux visualiser ce monde conceptuel.

 

 

« Un grondement-roulement profond au-dessous de nous – il est passé sous le bateau – et puis la cage secouée – bong. Des bulles et de l’écume, et les éclats d’une énorme silhouette grise passant dans l’eau agitée. Moi, la lance à la main, incapable de voir autre chose que le gris dans l’eau écumeuse, et moi criant. Eclaboussures, paquets d’eau me frappant et tombant sur le pont, quelque chose fouettant la mer calme pour en faire une mousse, et moi criant… »

 

 

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Au cours de ses recherches, Eric va rencontrer Scout, une jeune femme aussi esseulée que lui, une deuxième âme perdue. Très vite, une histoire d’amour découle de cette rencontre. C’est trop parfait et trop rapide pour être vraisemblable, mais le lecteur attendri se prête au jeu. Et puis, toutes ces similitudes avec Clio – toutes deux ont un mauvais caractère, une manière de s’exprimer très similaire, le même tatouage sous le gros orteil – c’est tout de même étrange. Et si Clio n’était pas morte? Et si Scout était la ré-incarnation de Clio? Ou bien, cette ressemblance n’est qu’une heureuse coïncidence, la preuve qu’il est possible d’Aimer deux fois sur Terre… Tant de questions se bousculent soudainement dans l’esprit torturé du lecteur !


C’est ainsi que le roman devient également un jeu d’énigmes au parfum romantique. Ce n’est qu’en assemblant chaque parcelle de souvenir et chaque indice que le lecteur sera en mesure de comprendre les dernières pages du livre. Mais, alors que chacun peut comprendre la fin du roman, tous ne comprendront pas la même chose : et c’est là que réside le talent de l’auteur. Le roman, dès le départ, est multiple. Et plus les pages se tournent, plus les possibilités de compréhension de l’histoire sont nombreuses. Par curiosité, j’ai fait quelques recherches d’avis sur cet ouvrage : rares sont les lecteurs qui sont unanimes sur la manière dont il faut comprendre l’histoire. Les lecteurs francophones sont plutôt hésitants, un peu perdus parfois, et demandent volontiers l’avis d’autres lecteurs. Par contre, les lecteurs anglophones se sont vraiment questionnés durant des soirées entières et se sont réellement prêtés au jeu proposé par l’auteur : on découvre ainsi sur le forum dédié au livre [ici] des dizaines d’explications différentes de ce livre, sur plusieurs pages.

Sur ce même forum, un sujet permet de poser des questions directement à l’auteur, Steven Hall. Il faut souligner sa disponibilité et sa proximité avec les lecteurs, puisqu’il ne manque jamais de répondre à une question. Un des internautes lui a un jour demandé quel avait été son projet en écrivant ce livre : Steven Hall répondit que son souhait avait été d’écrire un livre qui fonctionnerait de différentes manières pour différents lecteurs. Il désirait que son ouvrage, au fur et à mesure des pages tournées, devienne plus profond, plus mystérieux. 

 

 

« Hi Hamzaj,

 

I wanted to write a book that would work in different ways for different readers. I wanted Raw Shark texts to be fast and exciting, but also to reward readers with more depth at each level they invested in the book. I’m very keen on rewarding the active reader. 

 

If you mean why do I want to write books – I think part of the reason is that I want to leave something permanent in the world after I’ve gone (this ties in the themes of Raw Shark too). Book are the writer’s children, we hope (at some level) that we’ll continue to on live through them. I guess we (I) hope that our time on Earth will be both marked, and useful to others in some way. Phew. That was a bit heavy.

 

Hope it helps,

 

S »

 

 

Malgré quelques incohérences discrètes, on ne peut que saluer la performance de Steven Hall, qui a concrétisé son projet et offre aux lecteurs un roman aux multiples facettes, qui parvient avec légéreté à mélanger les genres : à la fois roman d’amour, essai de science-fiction et réflexion sur la douleur et la perte de Soi, c’est un très bon premier roman. Je regrette simplement que la plume de l’auteur n’ait pas été meilleure, cependant s’il s’exerce à personnaliser son style et s’il apprend à faire de vrais choix entre les dizaines d’adjectifs pouvant qualifier une même situation, ainsi qu’à étoffer la description de ses personnages, nul doute que son prochain ouvrage sera une pure réussite.


 

« Mais l’idée que ces choses incarnent, la signification que nous leur avons donnée en les rassemblant, c’est cela qui est important »

 [Construction d’un bateau conceptuel]

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 Représentation réelle de l’Orphée, le bateau conceptuel construit par les personnages du roman, par l’auteur Steven Hall.

 


A souligner, la médiocrité de la traduction française : malgré une publication chez Robert Laffont, j’ai repéré sans difficulté de nombreuses fautes d’orthographe et d’accord. Pour cette raison, je me demande s’il est possible que les maladresses de style et le lexique si peu travaillé, si pauvre en comparaison avec la richesse de la langue française, soient également imputables au traducteur? Par exemple, l’utilisation brutale du terme « baiser » – rupture lexicale agressive et non justifiée. En effet, les quelques avis qui mettent en exergue la platitude de la plume de Stevent Hall sont tous francophones. En parcourant les chroniques anglophones, je n’ai pratiquement trouvé que des compliments. Un travail de relecture de la part des éditeurs français ne serait donc pas superflu.