Merlin, les années oubliées – Tome 1

Merlin 1

 

Merlin, les années oubliées

Tome 1


Ecrit par Thomas Archibald Barron

Version française publiée en 2013

Editions Nathan, collection Jeunesse

 

 

Rejeté par l’océan, un garçon s’éveille sur une plage du pays de Galles. Il ne se souvient de rien, ni de son nom, ni de sa famille. Mais il est déterminé à découvrir qui il est – et d’où lui viennent ses mystérieux pouvoirs. Ses pas le mènent vers une île enchantée, une terre étrange dont le destin est étroitement lié au sien…


 

 

Pour se donner la chance d’apprécier ce roman, il est nécessaire de se détacher de ce que l’on connaît déjà de Merlin. Il existe tellement de légendes à son sujet que chacun à sa propre conception de sa physionomie, de sa personnalité et de ses pouvoirs. Parfois, les légendes se complètent et enrichissent la conception individualiste de ce fameux personnage : c’est le cas de cet ouvrage qui souhaite donner un passé à Merlin et ainsi lui donner plus de profondeur, car rares sont les textes s’y rapportant. Il faut donc abandonner le Merlin adulte que l’on connaît, sa sagesse et ses conseils légendaires ainsi que sa longue barbe blanche flottant au vent pour pouvoir faire connaissance avec l’enfant qu’il était. On découvre alors un petit garçon d’une dizaine d’années, maigre et hésitant, qui n’a pas encore choisi son destin et n’a même pas conscience des choix qui l’attendent. Ainsi, le lecteur ne doit pas rechercher dans les aventures de ce jeune garçon des présages de son futur : il faut se concentrer sur le présent de cet enfant, comprendre son raisonnement et ses sentiments et l’accompagner dans son apprentissage. 


Par ailleurs, avant de commencer cette lecture, il faut garder à l’esprit que les éditions Nathan ont publié ce roman dans leur collection Jeunesse : ainsi, si vous choisissez de lire cet ouvrage sans faire partie du public visé, je vous recommande d’adapter au préalable vos attentes. Vous ne trouverez pas dans cet ouvrage la même profondeur, ni le même vocabulaire que dans les romans adressés aux adultes. De même, le style de l’auteur se veut volontaire enfantin, un peu naïf et léger. Il ne sera pas question de batailles sanglantes, de quêtes exténuantes, de rencontres sexuelles dénuées de pudeur : dépourvu de violence, ce roman évoque la beauté des êtres vivants et de la Nature, la force de l’Amitié et l’importance de la générosité. Il s’agit d’un ouvrage parfait pour nos enfants et jeunes adolescents, une lecture qui leur apportera un peu de douceur, de poésie et de réflexions sur des valeurs importantes dans un style fluide et très accessible. C’est également un roman qui les fera voyager, car les longues descriptions de la Nature sont très imagées et soignées, ce qui est réellement appréciable pour un roman Jeunesse.


L’histoire est bien construite, et pourtant imaginer et écrire le passé de Merlin n’était pas aisé pour l’auteur qui se devait de respecter les origines connues du légendaire personnage, ainsi que le contexte socio-religieux de l’époque, tout en convergeant vers un futur déjà tracé. 

Le début du récit est assez lent, au point que je me suis endormie au bout de quarante pages, mais c’est un mal nécessaire. D’ailleurs, ce n’est pas la plume de l’auteur qui manque de dynamisme : c’est l’histoire qui semble engourdie, comme si les mots se réveillaient doucement – à l’image de Merlin, qui se nommait alors Emrys, et qui vient d’échouer, inconscient, sur une plage inconnue. Alors qu’il se réveille avec difficulté, il prend conscience d’un vide intérieur désespérant : il n’a plus de souvenir et son propre reflet lui est étranger. De cette perte va naître sa quête : retrouver ses racines, sa terre natale et sa famille. Cependant, avant de naviguer sur les océans avec la folie de sa jeunesse, Emrys va vivre quelques années avec une femme nommée Branwen, qui lui dit être sa mère et qui va le nourrir et le protéger des villageois – car ces derniers, subissant les changements d’une époque tourmentée, sont résolument hostiles à tout ce qui leur est inconnu. 

Ces quelques chapitres précédant le départ d’Emrys ont valeur d’incipit : la situation du jeune garçon évolue peu, mais la description de son quotidien et des personnages qui l’entourent permet au lecteur de mieux le comprendre et de s’en faire un personnage familier. L’auteur profite également de la stabilité de ces premières pages pour présenter, d’abord subtilement puis grâce à de petits incidents, les pouvoirs naissants d’Emrys et la relation particulière qu’il entretient avec la Nature, bien qu’il en soit encore totalement inconscient. On s’attache finalement à ce petit bout d’homme.

Viennent ensuite de terribles souffrances, telles des épreuves divines pour ce jeune garçon qui a la foi. Il en ressort plus fort et plus sage – une sagesse encore toute enfantine – et décide qu’il doit partir, quitter ce nid douillet de sécurité et d’habitudes pour découvrir son passé et comprendre pourquoi il s’est échoué sur les côtes du pays de Galles. Ainsi commence une quête des origines qui le mènera dans un autre monde, sur l’île légendaire de Fyncaria. Les descriptions de cette île sont merveilleuses : la forêt est gigantesque, éclatante de couleurs, peuplée d’arbres enchantés et d’autres créatures fantastiques. Il faut lire ces lignes avec les yeux et le coeur d’un enfant pour en saisir toute la beauté et se laisser transporter par le récit. Au cours de ce voyage, Emrys va trouver bien plus que des réponses à ses questions identitaires : l’Amitié, notamment, sera sa plus belle trouvaille. 


Ma lecture fut très agréable et m’a donnée le sourire car on rencontre au fil des pages des créatures surprenantes et qui possèdent toujours quelques traits humoristiques inattendus ! Certes, ceci met en avant la candeur du récit, mais ce dernier reste néanmoins très plaisant si l’on accepte de jouer le jeu : on rit alors de bon coeur ! Et puis, n’oublions pas que je suis une adulte : les enfants ne percevraient pas le côté naïf du récit, pas plus que l’étonnante simplicité avec laquelle les personnages vainquent la terrible menace qui pèse sur Fyncaria. 


C’est un excellent roman à conseiller aux enfants et jeunes adolescents, l’écriture est simple mais soignée, l’histoire est joliment racontée et on se laisse facilement emportée par la magie des mots. Pour les adultes rêveurs, ces grands enfants qui sont encore capable de s’émerveiller avec légèreté et de sourire sans trop se questionner, ce sera également une bonne lecture – ce fut mon cas, je me suis offert quelques instants de rêves et je serai ravie de découvrir le deuxième tome de cette saga !

 

Pour en savoir plus sur l’auteur de ce roman, Thomas Archibald Barron, je vous invite à visiter son site officiel.

 

Je remercie sincèrement les éditions Nathan pour la confiance dont ils m’honorent