Barbe bleue

Barbe bleue


Ecrit par Amélie Nothomb, 2012.

 

 

 

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Quatrième de couverture : 

 


La colocataire est la femme idéale.


 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit ouvrage qui se lit en tout juste une heure : le plaisir de se détendre et de plonger entièrement dans un ouvrage, de se laisser envahir par les mots en toute sérénité, sans se faire violence et interrompre sa lecture. Délicieux abandon éphémère.


Aimez-vous les contes? Je les adore ! Je relis régulièrement mes classiques d’enfance : contes de Grimm, Perrault, les milles et une nuits, les contes de grand-père et tout un tas d’histoires de sorcières ! Certains contes ne font que quelques pages et réussissent pourtant à placer le lecteur dans un riche univers de merveilleux, de fantastique, de magie. J’aime retrouver cette atmosphère propre aux contes.


J’ai donc eu envie de découvrir ce nouveau roman d’Amélie Nothomb, Barbe bleue. La déception aurait pu être grande, car rien d’indiquait sur la quatrième de couverture qu’il s’agissait de sa version personnelle du célèbre conte homonyme. Fort heureusement, aucune déception : plutôt une belle découverte !


J’ai aimé la manière dont l’auteur revisite ce classique. Tandis que l’on retrouve aisément les grandes lignes du conte ainsi que son côté à la fois mystérieux et effrayant, l’univers est changé : parisien, contemporain, alcoolisé, il s’agit d’un barbe bleue moderne, actualisé. Si la morale est moins présente, l’histoire est cependant efficace. J’ai admiré l’imagination de l’auteur, tant cela me paraît difficile de revisiter une histoire aussi connue sans la déformer maladroitement. J’ai lu que certains étaient déçus par la fin de l’ouvrage : je pense que c’est la simplicité du dénouement qui est en cause. Mais j’ai apprécié cette simplicité, je crois que cela fait partie du conte et qu’Amélie Nothomb a souhaité respecter l’esprit du texte original. Ainsi, je déconseillerais cet ouvrage aux lecteurs assidus du genre policier ! Car il y a bien évidemment certaines incohérences : l’auteur n’a pas essayé de résoudre les problèmes liés aux meurtres, aux soupçons, au rôle de la police dans les affaires de disparitions ! La trame est beaucoup plus proche du conte : le texte est centré autour des deux principaux personnages et de leur relation. 


Le texte est essentiellement composé de dialogues et ce fut pour moi un point fort du roman. En effet, je déteste en règle générale les dialogues que je trouve assommants et surtout, peu convaincants. Les êtres humains s’expriment tous différemment, avec un vocabulaire propre, une syntaxe et une intonation très personnelles et aucune discussion ne peut être similaire à une autre. Personnellement, c’est un exercice très difficile que d’écrire un échange verbal. Ici, contrairement à bien d’autres romans aux dialogues douteux et qui laissent transparaître la difficulté qu’a eu l’auteur à les écrire et à les harmoniser avec une réalité imaginaire, les échanges verbaux de ce texte sont d’un réalisme frappant. Il est très facile d’imaginer les inflexions expressives de la voix, et surtout, chaque personnage à sa manière propre de s’exprimer. Les échanges sont très cohérents et prennent en considération les éléments contextuels. Ma lecture fut donc agréable, car l’écriture est de qualité.


Par ailleurs, si le texte est fluide et la syntaxe agréable, l’auteur n’a pas pris le parti de la facilité : les références bibliques, mythologiques et même scientifiques se bousculent et vers la moitié du roman, j’ai pris peur. Trop de références, cela devenait lassant. Cependant, celles-ci servent l’ouvrage et tendent à disparaître au fur et à mesure que le secret se révèle. Un choix pertinent et audacieux, finalement très appréciable : voilà un auteur qui ne déprécie pas ses lecteurs ! Je préfère chercher un ou deux mots dans le dictionnaire, que de m’ennuyer en lisant un texte trop accessible comme celui de Cyril Massarotto ! 


Barbe bleue m’a réconcilié avec la plume d’Amélie Nothomb, que je n’étais peut-être pas en mesure d’apprécier il y a sept ans ! 


« Elle servit le thé et coupa deux parts de cake. Avant de poser la sienne sur l’assiette, elle la mira et ajouta :

-Regarde. On voit la lumière en transparence des fruits confits. Les cerises ressemblent à des rubis, l’angélique à des émeraudes. Enchâssées dans la pâte translucide, on croirait un gemmail.

-Un quoi?

-Un gemmail, c’est un vitrail en pierres précieuses. Et puis tu poses la tranche sur l’assiette dorée et le trésor est complet.

-Je peux voler une soucoupe ?

-Non. »


 

 

 

7 comments

  1. Anne59 says:

    J’avais adoré Stupeur et Tremblement et La Métaphysique des tubes , puis j’avais été très déçue par Péplum et j’avais abandonné cette auteure. Ce que je lis ici me donne envie de m’y remettre!

  2. Jennifer says:

    Je ne peux malheureusement pas faire la comparaison, par contre je me suis promise de lire ces titres prochainement ! Je ne pense qu’il s’agisse ici d’un ouvrage à adorer, ce n’est pas
    exceptionnel, mais il y a de quoi passer un bon moment :) Merci de ta visite, à bientôt et bonne soirée !!

  3. Jennifer says:

    Merci de ton petit mot :) N’hésite pas à revenir après ta lecture pour me donner ton impression ! Je serais ravie de te lire ! Un ouvrage qui n’est pas exceptionnel, mais qui offre un bon moment
    de détente et le plaisir d’un dialogue maîtrisé ! Bonne soirée, à bientôt !

  4. Toons says:

    C’est marrant, les dialogues et les références t’ont plu alors que moi c’est ce qui m’a lassée. Trop de références peu poussées (ou parfois trop longues) et du dialogue tout du long (je déteste
    quand cela se fait tout le long d’un ouvrage . Mais bon, c’est tout de même un bon livre, ca manière de revisiter le
    conte est intéressante, agréable. La morale, il faudrait plus la voir dans l’idée qu’un conte ancien reste actuel et que les apparences sont parfois bien trompeuses!

  5. Jennifer says:

    Merci de ton passage et de ton commentaire :) J’adore échanger sur une oeuvre ! Vois-tu, je ne lis que très rarement d’aussi longs dialogues, et pour le coup je l’ai trouvé bien écrit ! Mais nul
    doute que si je lisais plusieurs romans similaires sur une courte période, je me serais bien vite lassée ! Donc, je te comprends ! Néanmoins, je trouve qu’Amélie Nothomb a fait preuve
    d’originalité :) Pas facile tout de même de revisiter un conte aussi connu, sans lasser d’avance les lecteurs ! 

    A bientôt pour d’autres lectures et bonne nuit 

  6. Toons says:

    Je ne remets pas en cause l’exercice difficile de réinterprêter un conte, juste la forme utilisée ici qui me semble limiter les possibilités(dialogue). Là j’ai commencé cosmétique de
    l’ennemi pour le baby-challenge contempo et j’ai l’impression d’être exactement dans les dialogues de Barbe-bleue, aux idées et contexte près. Et c’est mon grand reproche en
    fait (de plus en plus avec ma lecture en cours :s) Bon je pense que j’attendrai 2013 pour relire un livre de cet auteur! Mais en autre adaptation de conte il y a Peau d’Âne (j’ai oublié
    l’auteur, ce livre est dans ma PAL) qui me tente pas mal avec de bonnes critiques dessus

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