Projet obis

Projet obis


Ecrit par Boris Darnaudet

Première publication, 1er trimestre 2013.

 


 

http://riviereblanche.com/obis01.jpg Un homme sans mémoire mais doté d’un savoir de guerrier se réveille dans un sarcophage. Au-dessus, trône une inscription : CAUTION. Il en fait son nom et se décide à explorer une Terre dévastée et dirigée par une élite perverse, l’Ultime Alliance.


De déserts toxiques en mégapoles déliquescentes, Caution va chercher sa vérité.

Dans les hautes sphères du pouvoir, s’affrontent l’archicommandeur Malleus, les services secrets de l’Infinitum et le très mystérieux commandeur Ka-Tau.

Au bout de la lutte, quand tomberont les masques de l’amour et de l’amitié, Ka-Tau et Caution finiront par comprendre qu’ils n’étaient que les gibiers d’un piège implacable : le Projet Obis.

 

 

 

Le Projet Obis est le premier roman publié de Boris Darnaudet. Nous pouvons remercier Philippe Ward, directeur des éditions Rivière Blanche, qui a souhaité donner sa chance à ce jeune auteur de 23 ans – c’est une belle découverte ! Petit roman ou nouvelle richement développée, le Projet Obis ne fait que 140 pages. Cependant, pour un premier ouvrage, c’est très prometteur – et il est parfois préférable de lire un texte court mais bien travaillé, plutôt qu’un lourd pavé de pages indigestes. 


« La trappe bascula. Lampe allumée, il sauta le premier et chuta de plusieurs mètres pour tomber dans une substance visqueuse où il s’enfonça jusqu’aux mollets.

Une odeur épouvantable régnait en bas. »


L’intrigue se déroule dans notre futur et l’évolution technologique, scientifique et médicale est omniprésente. On découvre un monde détruit, sale, asphyxié et des êtres humains qui subissent les conséquences de leurs tristes choix. Mais le lecteur n’a pas le temps de s’apitoyer sur leur misérable existence ! Le récit est dynamique, les chapitres sont courts mais riches en actions et en rebondissement et malgré ses 140 pages, ce roman a beaucoup à offrir ! Plusieurs communautés se partagent une Terre fatiguée, certains se contentent de survivre – pacifistes désespérés – quand d’autres œuvrent à la révolution, persuadés que l’ordre des choses peut encore être changé. 

Hélas, la noirceur d’âme des hommes peut vaincre la plus farouche détermination…


Je me suis accordée un délicieux moment de détente grâce à cette lecture et je me suis même amusée de la naïveté de certains passages : car bien sûr, comme tous premiers romans, ce texte a ses faiblesses. Ainsi, on remarque quelques difficultés à mettre en place le récit – les premières pages sont toujours les plus gênantes, des dialogues parfois trop artificiels – un talent qui s’acquiert avec l’expérience, et une naïveté touchante dans le rapport à l’amour et à l’amitié. De légères imperfections que compensent largement la facilité avec laquelle on pénètre l’histoire, la fluidité de l’ensemble du texte – car vraiment, il se lit très vite et très agréablement -, le vocabulaire employé – enfin un jeune auteur qui ne se complaît pas dans un langage familier et succinct, et un style efficace, notamment dans les scènes d’actions. 


« D’un bond, la bête se rétablit en s’aidant de ses pattes antérieures. Sa gueule s’ouvrit sur un cri déchirant. Les deux hommes aperçurent des crocs plus acérés que ceux d’un requin blanc. Au terme d’une courte charge, elle plongea sur Lox, le déséquilibrant. Le baroudeur fut écrasé sous son poids. C’est alors que Slay se matérialisa derrière la créature. Tout en visant les vertèbres, il enfonça son épée vrombissante dans le dos du monstre. Un sang violet en jaillit. La créature hurla de douleur, agitant ses bras griffus dans tous les sens. Lox qui s’extirpait de sous le Kal’karatcha profita de l’occasion. Avec un hurlement de rage il vida son chargeur dans la bouche du démon. Les balles atteignirent le cerveau du monstre. Prise de mouvements spasmodiques, l’immonde créature s’effondra, agonisante. »


Très peu habituée aux romans d’anticipation, je redoutais cette lecture – cependant, j’ai confiance en les choix éditoriaux de Philippe Ward : la collection Blanche offre toujours de bons textes, c’est pourquoi je me suis décidée pour cet ouvrage. Grand bien m’en pris ! J’ai franchement adhéré aux personnages, l’histoire est captivante et je ne parvenais pas à reposer le livre : le texte recèle de passages à suspense, et il est quasiment impossible de ne pas tourner les pages pour connaître la suite ! J’appréhendais également les passages très masculins – les fusillades, les combats au corps à corps et autres passages violents : ce fut encore une excellente surprise, car ces passages sont très bien décrits, à la fois précis et rapides – pas de lourdes descriptions sanguinolentes ou d’ennuyants échanges de tirs américains -, les combats sont réalistes et raisonnables, les armes sont redoutables et donc un tir suffit : l’auteur n’en rajoute pas des tonnes. J’ai vraiment passé un très bon moment de lecture !


Seul bémol, la fin du récit m’a énormément déçue : c’est une fin ouverte, une fin qui n’en est pas une. Je sais que certains lecteurs aiment cette liberté offerte par l’écrivain d’imaginer une suite très personnelle… mais honnêtement, ces lecteurs sont rares ! Pour moi, rien de plus frustrant que de ne pas connaître la fin d’une histoire. Le chapitre se termine et l’on attend une suite, là, derrière la page, mais rien. Alors, on se résigne et on relit les dernières phrases, supposant que l’on soit passé à côté d’un élément : l’auteur offre des pistes de compréhension pour la suite, des idées, des brèches de son imagination, mais c’est tout. C’est vraiment terminé. 


Il est navrant de gâcher un si bon moment de lecture par une fin négligée, mais l’auteur est jeune et inexpérimenté, ses choix narratifs ne peuvent que se bonifier avec le temps ! Malgré cette fausse note, je recommande la lecture de cet ouvrage – et plus particulièrement aux lecteurs qui ne sont habituellement pas friands de ce type de lecture : c’est un bon texte, qui mérite d’être découvert !


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Le Projet Obis est suivi de deux nouvelles très sympathiques, dont je ne dévoilerai rien au risque de gâcher votre lecture. Ces nouvelles se lisent tout aussi facilement et agréablement, prolongeant le plaisir de quelques pages !

J’ai remarqué que Boris Darnaudet avait moins de difficultés à écrire des nouvelles : cela démontre encore une fois de sa jeunesse et laisse présager de très bon romans à venir, car sa plume est assurément très agréable ! 


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Quelques mots enfin sur l’objet livre : l’ouvrage est d’une délicieuse souplesse, l’illustration de Vincent Laik est très agréable, les pages sont épaisses et l’impression est de qualité. C’est un livre très agréable à manier ! Si vous souhaitez le commander, vous pouvez au choix le commander sur le site des éditions Rivières Blanches ou chez votre libraire grâce au numéro ISBN de l’ouvrage. Le prix de ce dernier est dans la moyenne : 17€ pour un format à mi-chemin entre le livre broché et le livre de poche. Il faut savoir que contrairement à la plupart des maisons d’éditions, Rivières Blanches reverse 50% des bénéfices occasionnés par la vente d’un livre à son auteur. Par ailleurs, Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier dirigent les éditions Rivières Blanches bénévolement, parce qu’ils ont vraiment la passion des livres ! C’est une maison d’édition qu’il faut absolument découvrir et soutenir ! 

 

 

Je remercie sincèrement Philippe Ward pour la confiance dont il m’honore !

One comment

  1. BlackWolf says:

    Tu donnes vraiment envie de découvrir ce livre avec ta chronique. Je dois dire que j’ai un peu de difficulté d’acheter des Rivières Blanches, la faute au fait que je les trouve rarement en
    librairie. Faudrait que je me motive plus :)

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