Le pays à l’envers

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Ecrit par Myriam Gallot,

Publié aux éditions Syros – collection Tempo – 2013,

Poche, 112 pages – 6 €.

(Résumé personnel)

Pablo est un petit garçon épanoui et heureux âgé de 7 ans. Il vit en Urugay avec son papa uruguayen et sa maman française. Les vacances sont l’occasion de partir à la découverte du village maternel sur l’Île d’Ouessant, un petit coin de Bretagne au bout du monde. Seulement, Pablo doit partir seul – même son doudou reste en Urugay, car un crocodile ne peut pas prendre l’avion. Confié aux soins de Papilou et Mamina, le petit garçon découvre les paysages océaniques de la pointe bretonne, ses spécialités salées et son vent bien frais ; mais il découvre surtout combien il est douloureux d’être éloigné de sa famille et privé de ses racines, dans un pays si étrangement différent. 

Petit livre d’une centaine de pages, Le pays à l’envers se lit facilement grâce à une plume soignée qui prend garde d’éviter les tournures trop complexes. Conseillé à partir de 10 ans, je pense que cet ouvrage sera accessible aux enfants déjà habitués à la lecture et que l’on a envie de voir progresser, car il y a tout de même certains termes peu familiers dans ce petit roman, toutefois il est possible de les comprendre grâce au contexte – ce qui permet d’apprendre de nouveaux mots sans y prendre garde. 

Myriam Gallot a la particularité d’écrire dans un style lapidaire, favorisant les phrases courtes et explicites, parfois même composées d’un seul mot. Si j’ai regretté ce style un peu fracassant et dénué de poésie, il faut avouer que cette écriture particulière est une bonne canne pour les enfants qui auraient peur de trébucher dans leur lecture, voire de s’y perdre. Les phrases courtes permettent de mieux retenir les personnages et les situations, mais également d’encourager le lecteur qui se sent progresser dans l’histoire.

« Le monsieur révélait l’existence de plein d’oiseaux indécelables, sur l’eau, sur les rochers, dans les buissons. Il les montrait à Pablo en dessin dans un livre de poche. Parfois, un simple cri lui permettait de deviner la présence d’un oiseau. Il le cherchait dans les airs. Finissait par le repérer. Le montrer. Le nommer. (…)

Pablo trouvait incroyable de voir les oiseaux du livre en vrai. Avec le même plumage. Les mêmes pattes. Le même bec. Les oiseaux semblaient s’être envolés des pages imprimées. »

L’histoire de Pablo est intéressante, bien que malheureusement dénuée d’émotion : on poursuit cette lecture sans y être sensible, sans ressentir un vrai plaisir de lecture. Les jeunes lecteurs y trouveront tout de même des choses intéressantes : ils pourront par exemple comparer leur propre peur de la séparation à celle de Pablo et réfléchir aux questions posées par le jeune homme – parfois si étranges et innocentes que les adultes n’y trouvent pas de réponse. 

Cependant, j’étais déçue que le thème du voyage et de la découverte ne soit pas développé avec plus de soin : Myriam Gallot a pris le parti de faire ressortir l’immense chagrin du jeune garçon ainsi que son mal du pays, mais est-ce vraiment une si bonne idée ? A la fin de l’histoire, le jeune garçon est triste au point que ses vacances sont écourtées et qu’il reprend l’avion précipitamment pour retrouver ses parents : ainsi, malgré quelques jolies découvertes sur l’ïle d’Ouessant, il ne s’est pas rapproché de ses grand-parents et a refusé de s’ouvrir à eux. N’aurait-il pas été préférable afin de convaincre les jeunes lecteurs que la séparation n’est pas aussi affreuse qu’elle semble l’être, que le petit bonhomme se laisse apprivoiser par ses grand-parents et, oubliant sa tristesse, qu’il découvre avec un vrai plaisir ce pays si différent du sien ?

En bref, une lecture accessible et plutôt sympathique, bien que sans grand intérêt pour l’enfant.

Je remercie sincèrement les éditions Syros pour la confiance dont elles m’honorent.