Ecrit par Sam Christer,
Publication le 01/2014 chez MA éditions,
444 pages, 17€90.
(Résumé personnel)
Un vieil antiquaire est assassiné à Kensington, dans le Maryland, et c’est à Mitzi Fallon, mère célibataire fraîchement débarquée au Service des crimes historiques, religieux et inexpliqués du F.B.I de San Francisco que l’on confie cette enquête.
En effet, le meurtre semble lié à la disparition d’une ancienne croix catholique datant de l’âge de fer, ce qui confère à l’enquête une dimension historique nécessitant la présence d’un agent qualifié aux côtés du lieutenant Fitzgerald, chargé de l’enquête dans le Maryland.
Alors que les spécialistes s’interrogent sur cette croix dérobée dont seul subsite un grossier schéma, un collègue de Mitzi lui confie qu’un vieux prêtre avait raconté, lors d’un séminaire, que le cercle présent sur cette croix énigmatique ne représente ni l’Eucharistie, ni même Saint Patrick, mais serait en réalité un signe de reconnaissance chrétien symbollisant l’alliance avec les chevaliers de la Table Ronde du Roi Arthur. Faut-il accorder de l’importance à cette légende ? Le Roi Arthur n’est-il qu’une fable, ou aurait-il réellement existé ?
De San Francisco à Washington DC, puis de Londres au Pays de Galles, c’est une enquête difficile et aux lourdes conséquences que Mitzi devra mener afin de découvrir la vérité.
« Marchetti passe la main sur une tablette intégrée dans la table basse et lui tend une croix celtique.
Mardrid la prend et l’examine sous toutes les coutures.
-Vous m’aviez promis des objets de valeur et des informations top secret, Marchetti. Tout ce que je vois, moi, c’est un bout de ferraille.
-C’est bien plus que cela. C’est une croix funéraire appartenant à l’Ordre d’Arthur. »
Sous le titre alléchant des Héritiers de Camelot, Sam Christer offre un thriller sympathique et divertissant rédigé d’une plume fluide et efficace.
L’écrivain excèle dans l’art de cultiver le mystère et use de sa méthode durant les 440 pages qui composent ce roman, jonglant entre les personnages sans maladresse ni excès. Ainsi, bien que ces derniers soient très caricaturaux et l’histoire bourrée des stéréotypes américains les plus courants, l’auteur parvient à captiver durablement l’attention du lecteur grâce à une alternance de chapitres très courts qui entraînent ce dernier de part et d’autre du globe terrestre.
Avec un dynamisme qui ne s’essoufle jamais, l’écrivain nous attire dans les secrets de la politique, du terrorisme, mais aussi d’un amour éternel qui hante un obscure château vieux de plusieurs siècles. La diversité des thèmes abordés donne de l’épaisseur à l’enquête et insuffle de la vie à ce roman, qui acquiert rapidement une dimension plus intéressante que ne le suggèrent les premières pages.
Hélas, si l’attention du lecteur lui est acquise, il n’en est pas de même de sa mémoire : ainsi Les Héritiers de Camelot s’oublie-t-il encore plus vite qu’il ne faut de temps pour le lire. En effet, l’intrigue est malheureusement aussi prévisible que les personnages sont artificiels et la dimension historique, malgré de jolis efforts pour revisiter la légende arthurienne, est si peu présente qu’elle en devient presque insignifiante – ce qui décevra probablement les lecteurs mis en appétit par ce titre évocateur.
En conclusion, un roman gentillet et facile à lire, comparable à l’un de ces téléfilms que l’on regarde pour digérer tout en somnolant paisiblement.
« – Excusez-moi. Vous pouvez me dire où on est ? Et c’est quoi cette espèce de volatile, là ?
Le chauffeur se retourne brièvement pour lui répondre.
-Nous sommes dans Fleet Street, madame. Et ce grand bâtiment, c’est la Cour royale de justice. Le bureau de Sir Owain est juste au coin.
Regardant de nouveau devant lui, Harold admire la superbe statue de Charles Bell Birch, qui se dresse fièrement sur sa colonne, et tente de chasser le léger ton de supériorité qu’il sent poindre dans sa voix.
-Et voici le monument de Temple Bar. Il marque la limite entre Westminster et la City. Le statue que vous avez mentionnée est en fait un dragon héraldique. Vous en trouverez deux sur les armoiries de la cité de Londres, ainsi qu’une croix de saint Georges.
Bronty l’écoute, tout ouïe.
-Vous avez dit « Temple ». Est-ce que par hasard il y aurait un rapport avec les chevaliers de l’ordre du Temple ?
-Et allez, encore des chevaliers, marmonne Mitzi en aparté.
-Oui, monsieur. L’église et même le quartier se nomment ainsi. Tout cela appartenait jadis aux Templiers, mais aujourd’hui c’est le lieu de prédilection des gens de loi.
-Ah ! Des saints remplacés par des pêcheurs, ironise Mitzi. Y a pas plus éloigné du noble chevalier d’antan que l’avocat du XXème siècle.
-Sans doute avez-vous raison sur ce point, madame, réplique Harold, qui a enfin réussi à passer la seconde. Cela vous intéressera peut-être d’apprendre que chaque année, comme le veut la coutume, le monarque fait un arrêt à Temple Bar avant d’entrer dans la Cité de Londres, afin que le lord-maire lui offre l’épée d’apparat, incrustée de perles, en gage de loyauté.
-Mon vieux, j’avoue que vous m’avez ennuyée à mourir jusqu’au moment où vous avez prononcé le mot « perles ». Ca, ça me parle. Dans ma prochaine réincarnation, je serai reine d’Angleterre, sinon rien.
-Je vous souhaite bonne chance, madame. »