Réédité en juin 2007.
Une relation psychothérapeutique ? On peut en douter.
Mais l’une et l’autre vont succomber à une fascination réciproque, bien proche de ressembler à de l’amour, cette autre forme de prédation.
Suzy McKee Charnas a entièrement renouvelé, avec sensibilité, le thème du vampire. Un grand classique.
L’histoire débute d’une manière somme toute assez originale : « Un mardi matin, Katje découvrit que le professeur Weyland était un vampire, comme celui du film qu’elle avait vu la semaine précédente ». Soit. Aucune hésitation, on sait à quoi s’attendre. Cela m’a relativement déplu, j’aurais souhaité un peu plus de mystère, de recherche… Je ne me suis pourtant pas arrêtée là : au contraire, j’avais hâte d’en savoir plus.
Durant les 60 pages qui suivirent, je n’eus qu’une envie : arrêter ma lecture. En résumé, Katje de Groot, dame d’un certain âge, soupçonne le professeur Weyland d’être un vampire : elle va donc en quelque sorte l’espionner, glaner deux ou trois informations ici et là, et à chaque fois en tirer la conclusion qu’il s’agit d’un vampire. Ces conclusions s’avéreront finalement véridiques lorsque ce dernier l’attaquera. Totalement irréaliste ! J’ai vraiment été déçue. Tout d’abord, j’ai eu l’impression d’être prise pour une idiote : Katje a vu un film avec un vampire, Weyland se promène tard le soir, conclusion : Weyland est un vampire. Euhhh … un peu osé là, le syllogisme, non ?! A côté de ces suppositions parfois exaspérantes, on dénote un peu d’action : notamment la découverte – très vague – du laboratoire du professeur, entouré d’un mystère totalement inutile puisqu’au final il ne s’agit que d’un simple laboratoire qui ne sera plus – ou à peine- évoqué dans les chapitres suivants –l’abandon de l’idée m’a d’autant plus déçu qu’il y avait là matière à écrire. Ajoutons que dès les premières pages, on découvre très superficiellement un grand nombre de personnage qui en définitive ne seront plus évoqués dans le roman, voire dans le chapitre en question. A côté de cela s’ajoute bien d’autres défauts, telles que des coïncidences plus que faciles ; quelques phrases sur les Noirs et les Indigènes hors propos de l’histoire, placées là de manière à rappeler – notamment – la ségrégation raciale; des répétitions pas très engageantes telles que « Katje émis un grognement », page 24, page 30 et un peu plus loin; sans compter une foule de détails inutiles tels que « C’était un cadeau au Club du personnel de l’Economie Domestique. Il manquait déjà de nombreux éléments, mais cela ne dérangeait pas Katje. », pages 18-19.
En bref, le personnage de Katje m’a paru ridicule, autant dans son comportement irrationnellement soupçonneux que dans ses propos avec les autres personnages. J’ai imaginé une Miss Marple ratée, choquée pour peu et aux propos raseurs ou tout bonnement navrants – « Mais il était en train de lui faire la cour ! ». La majorité des défauts que j’ai rencontrés, dont les quelques uns cités ci-dessus, auraient été excusés si l’histoire proposée tenait debout ; mais je n’ai trouvé qu’un récit incohérent car souvent irréaliste et simpliste malgré la multiplication de personnages et de détails inutiles. Le plus grand défaut est sans nul doute un manque cruel d’action. Le vampire est décrit comme dynamique, vivant : un récit à son image aurait été le bienvenu ! Je peux comprendre que l’auteur n’est pas désirée mettre de l’action dès le début de son récit, mais il est tout à fait possible de donner de la vie à un texte en jouant sur les effets de vitesse : des phrases lapidaires entrecoupées de passages descriptifs, analepses, prolepses etc. en sont autant de moyens ! Je n’ai trouvé qu’un récit à la hauteur du personnage de Katje : lent, lassant, navrant.
Le deuxième chapitre s’ouvre comme une conséquence de la fin du premier : le professeur Weyland est blessé – je vous épargne les détails – et capturé. Après la lecture de ce second chapitre, j’ai compris l’utilité du premier : si le vampire n’avait été blessé, le récit n’aurait pas pu se poursuivre. Pitoyable : écrire soixante pages pour blesser le vampire et permettre la progression de l’histoire ; il aurait été plus intéressant que l’histoire commence au chapitre 2, avec par la suite une voire plusieurs analepses expliquant comment le vampire a obtenu cette blessure, d’autant plus que dans ce deuxième chapitre, le vampire raconte brièvement à un personnage –Mark – par qui et comment il a été blessé.
Revenons aux faits : ce deuxième chapitre de 85 pages. Beaucoup plus captivant que le premier, j’ai pris du plaisir à le lire : on découvre réellement le vampire, et notamment ses deux côtés : humain et inhumain. Humain au travers de sentiments forts qui l’habitent tels que la peur, l’inquiétude, la curiosité (…); et inhumain car il n’en reste pas moins un vampire assoiffé et manipulateur. Au fil des pages, on apprend quelques détails intéressants sur le fonctionnement du vampire ; intéressants car ils évitent les clichés habituels. Toutefois, c’est un plaisir nuancé : de nombreux défauts subsistent. Mark, le personnage qui va côtoyer le vampire tout au long de ce deuxième chapitre, est un enfant – un collégien plus précisément- et l’auteur se sert de la naïveté de l’enfant pour faire avancer son histoire ; le défaut n’est pas dans l’idée de base, mais plutôt dans son exploitation beaucoup trop simpliste – je n’en dis pas plus. D’autre part, j’ai été particulièrement agacée par la répétition des « et » à la fois en milieu et en début de phrase : ici je m’adresse au traducteur qui me semble avoir oublié la beauté de la langue française.
Je n’ai compris le fonctionnement du roman qu’à la fin de ce deuxième chapitre : chaque chapitre est indépendant des autres, et donc les personnages découverts et auxquels le lecteur a pu s’attacher disparaissent de l’histoire. J’avoue que cela m’a déçu : j’aurais probablement apprécié que le vampire continue sa route en emmenant Mark – l’enfant. Trop cliché ? Certes, ce n’est pas sans rappeler quelques histoires de vampires, et en cela l’auteur a innové. Toutefois, ce que l’on appelle couramment des « clichés » ne sont-ils pas des éléments créés pour satisfaire le besoin des lecteurs de trouver une part d’humanité au cours de leur lecture ? De se retrouver eux-mêmes dans le comportement des personnages ? Peut-être ces clichés sont ils récurrents parce qu’ils sont efficaces, voire nécessaires ? (…)
Le troisième chapitre, intitulé « La dame à la licorne », commence page 159 pour se terminer page 260. Je donne ces quelques détails pour souligner ma plus grande déception : la quatrième de couverture du roman – alléchante, il faut le dire – ne concerne que ce chapitre de cent pages ; ce n’est donc pas une quatrième de couverture de roman, mais plutôt une présentation de chapitre. Je ne vais pas aller plus loin dans mes réflexions sur ce choix de l’éditeur, je vous laisse tirer vos propres conclusions.
Ce troisième chapitre est de loin le plus intéressant du roman ; Weyland, pour expliquer à ses collègues et supérieurs sa mystérieuse disparition et réapparition, entame une – fausse – psychanalyse. Son but est d’obtenir le document certifiant de sa santé mentale ; il va donc passer de nombreuses heures en compagnie de Floria – la psychanalyste. Toutefois, il va consacrer ces heures à expliquer – en long, en large et en travers – sa véritable nature, mettant ainsi Floria dans le secret. L’idée de la psychanalyse m’a beaucoup plu – bien que ce chapitre m’ait fortement rappelé le si célèbre Entretien avec un vampire, de Anne Rice – mais encore une fois, j’ai été déçue par son exploitation trop simpliste à mon goût. Pour faire bref, j’ai eu la désagréable impression que l’auteur désirait exposer sa théorie sans faille sur les vampires – reproduction, alimentation, chasse, attitudes mentales et physiques, etc. : tous les sujets ou presque sont abordés. Le vampire raconte, la psychanalyste écoute et pose parfois quelques questions. Les moments les plus captivants sont probablement les récits de chasse que lui fait le vampire, mais là encore le lecteur reste sur sa faim : la chasse au bétail humain, décrite comme intense, est racontée d’une manière très plate. Weyland dit ne pas pouvoir s’en passer, que la faim surpasse tout le reste dès qu’elle se fait ressentir, mais je n’ai jamais ressenti ce manque, ce désir insatiable. Ce chapitre se termine finalement et sans surprise – c’était tellement prévisible – par une relation sexuelle entre le vampire et sa psychanalyste.
Les deux derniers chapitres sont similaires au niveau de leur fonctionnement : on ne retrouve aucun des personnages rencontrés précédemment, seul le vampire continue d’évoluer au fil des pages. Je n’ai trouvé aucun intérêt au quatrième chapitre, qui m’a semblé terriblement ennuyeux – de trop longues descriptions d’un opéra –, et à nouveau j’ai relevé quelques défauts. Pour n’en citer qu’un : page 303, une scène « d’action » nous est proposée – le vampire doit disparaître des lieux et pour se faire va emprunter un chemin légèrement risqué ; voici un extrait de ce passage : « S’il se suspendait au parapet en étendant complètement les bras, les semelles de crêpe de ses chaussures arriveraient à environ un mètre cinquante de la structure entretoisée. » Le manque de rythme dans cette phrase – ainsi que dans tout le roman – m’a déçu : nous sommes face à un prédateur en fuite, et l’action ne se fait absolument pas ressentir ; d’autre part, la description des semelles – « les semelles de crêpe de ses chaussures » – totalement inutile dans cette scène m’a réellement agacée. Imaginez vous un vampire en fuite examiner pensivement le semelle de ses chaussures ?!
Le dernier chapitre est à l’image du roman : décevant. Seule la fin, assez originale, relève l’impression générale : un roman à la narration bancale, sans profondeur, aux incohérences nombreuses et d’une lenteur étouffante.
Pour terminer sur quelques notes positives, ce roman a le mérite de proposer une vision du vampire différente de celles que nous pouvons connaître : on découvre un vampire qui malgré les apparences agit tel un animal, dominé par sa faim – et non par le sexe –, essayant de survivre malgré l’évolution de plus en plus rapide des humains. L’approche que le vampire a des humains, son « bétail », est également très originale, et en cela le roman est une bonne découverte.
J’aimerais partager avec vous une critique très intéressante, et qui compare notamment Un Vampire ordinaire aux Âmes perdues de Poppy Z. Brite : un de mes romans préférés ! Cliquez!
Egalement de nombreuses autres critiques que je vous laisse découvrir =) : Mes Imaginaires; Chaplum; Chez Val; Lire et Délires; Le vallon fantastique; Les lectures de Mina.
Pfiouuuu je n’ai lu que les deux premiers chapitres plus le début du troisième et argh je me suis ennuyé à cent sous de l’heure. L’écriture est assez moche, l’intêret du texte tout relatif et bref
… je n’ai pas du tout accroché.
Dans le très grand ensemble, j’ai exactement eu les mêmes impressions que toi. Pourtant je me suis retrouvée avec un avis final moyen +. Bah, je pense que je me suis laissée prendre au jeu.
Quoique comme toi le premier chapitre m’a tapé sur les nerfs (et il est vrai que les Katje essuya les verres avec un torchon, ouvrit le placard et les rangea – et je pense que je ne
caricature pas – deviennent vite énervants.
Concernant le deuxième chapitre, je ne sais pas toi vu que tu ne l’as pas souligné, mais l’improbabilité des personnages m’a sauté au visage. Les potes de l’oncle du mômes (le sataniste ou les deux
folles qui dansent à poil dans le salon), la belle affaire !
Et alors le chapitre 4, je me rends compte que je n’en ai même pas parlé dans ma critique. En même temps j’ai trouvé la manière qu’a eue l’auteur de raconter l’opéra maladroite,
caricaturale et mal faite.
Malgré tout les chapitres 3 et 5 ont rattrapé le tout je trouve, et j’ai bien aimé la vision du vampire qui est donnée – même si parler d’originalité serait peu à propos. Au final je
suis à peu près rentrée dans la peau du vampire et ai à peu près réussi à m’immerger dans l’histoire.
En tout cas c’est sûr, c’est un livre duquel on sort avec un avis très mitigé…
Comme je te comprends…!! Je suis rarement déçue par mes lectures, c’est pourquoi j’ai tenté de le lire jusqu’au bout..mais la déception est bien là ! Il faut espérer que notre prochaine lecture
commune sera plus agréable ^^ !! @ bientôt =)
Bonjour ^^ .
Effectivement, je n’ai pas souligné ce détail du deuxième chapitre! Je suis tout à fait d’accord avec toi! Les personnages sont assez irréalistes, autant dans leur apparition que dans leur
comportement! La facilité de la mise en scène m’a énervée : qu’il est facile d’écrire et d’inventer! Mais bien plus difficile de rendre tout cela crédible!!
Concernant le chapitre 4, je ne peux que rejoindre ton avis..! Le passage descriptif aurait pu être intéressant – pour la comparaison avec les propres sentiments de Weyland notamment – mais
l’écriture est mauvaise et fatigante.. J’ai vraiment eu beaucoup de mal à finir ces pages, au point que j’avais l’impression d’entendre de la musique criarde (conséquence d’un opéra mal décrit?).
Désolant !
Je suis d’accord avec toi : le chapitre 3 est bien plus intéressant! Mais … s’essouffle vite je trouve!.. C’est plat! Terriblement plat! C’est bien dommage, car l’idée – bien qu’elle ne soit pas
une innovation – méritait d’être creusée… Je ne peux m’empêcher de penser à Entretien avec un vampire…
Par contre, je n’ai pas trouvé autant d’intérêt que toi au chapitre 5 … il faut dire que je n’en pouvais plus : le ton plat du roman m’a tellement ennuyé que je n’avais qu’une hâte, le
terminer..! Seule les deux dernières pages ont relevé le niveau pour moi, avec une vision du vampire intéressante…
J’espère que nos prochaines lectures communes seront meilleures ;)
@ bientôt!
Je te rejoins sur le fait que Katje est absolument exaspérante mais les personnages ont tellement remonté le niveau en ce qui me concerne…
Enfin j’ai bien aimé, j’ai trouvé au personnage de Weyland une profondeur et un rôle assez intéressants ! ^^
Merci encore pour le lien ! (^-^)
Si ces textes sont si différents (et peu passionnants, je suis d’accord avec toi), c’est qu’à l’origine, c’étaient des nouvelles. Si ce roman a révolutionné le genre comme le dit la 4e de couv’ de
mon exemplaire, aujourd’hui, ce vampire-là semble bien terne…
Ouah tu as quand même réussi à en faire une thèse dis donc Je vois qu’on a beaucoup d’avis similaires sur ce roman, bref
une belle daube. J’ai un roman de Poppy Z Bryte dans ma PAL qui m’attends. Mais je ne sais pas pourquoi, elle m’effraie un peu ^^
C’est lequel de Poppy Z Bryte qui t’attend?? ! Si c’est Âmes Perdues, tu ne seras pas déçu..! Ce n’est ni trop noir,
ni trop romantique, ni trop froid.. je trouve que c’est un mélange de tout qui rend bien xD …
Oui, j’avais lu ce détail… Toutefois, ça ne change pas grand chose : si j’avais su qu’il y avait 4 nouvelles, en découvrant la première, j’aurais tout de suite abandonné !.. Penses tu vraiment
que ce roman a pu un jour révolutionner le genre? Je doute sérieusement.. Rien ne remplacera le véritable Dracula
A bientôt pour d’autres lectures!!!!!
Non hélas c’est « Un corps exquis »
Je ne connais pas ce titre ci !! Au mieux, si jamais ce livre te plait et que tu souhaites découvrir Âmes Perdues, on pourra toujours faire un échange ;) @ bientôt!
Tout comme toi, le début de l’histoire m’a surprise. Mais contrairement à toi, j’ai apprécié le reste de l’histoire (à part le quatrième chapitre). Contente d’avoir lu une critique négative sur ce
livre, ça m’a fait voir comme un autre aspect de l’histoire ^^
Le principal : tu as aimé ce livre! Perso, cela m’est toujours très désagréable de lire un ouvrage qui ne me plait pas…. A bientôt ^^
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