La Nuit des elfes

La Nuit des elfes

Deuxième tome de la trilogie des elfes,


Ecrit par Jean-Louis Fetjaine

Première publication en 1999.

 


http://www.noosfere.com/images/couv/b/belfond3673-1999.jpg Le monde a sombré dans le chaos lorsque les hommes ont exterminé les derniers royaumes nains. Seuls les elfes pourraient s’opposer à eux, mais ils se sont retranchés dans leurs immenses forêts, inconscients du danger qui les menace à leur tour.


Pour empêcher le duc Gorlois d’étendre la domination des hommes sur la terre, au nom de Dieu, le druide Merlin s’attache aux pas du chevalier Uter, l’amant de Lliane, la reine des elfes. Investi du pouvoir de Lliane, Uter devient le Pendragon, chef de guerre de tous les peuples libres, et tient désormais entre ses mains le pouvoir de restaurer l’ordre ancien. Mais il lui reste à choisir entre l’amour de deux reines : Lliane, l’inaccessible, réfugiée dans son île d’Avalon ; ou Ygraine, si réelle, si humaine …


Récit flamboyant du combat entre deux mondes, deux religions, deux femmes, La Nuit des elfes apporte une dimension violente et sensuelle à la genèse du cycle arthurien.

 

 

 

La Nuit des elfes est une excellente suite au Crépuscule des elfes. J’avais peur d’être déçue, comme cela peut souvent être le cas lorsqu’on découvre une trilogie : j’avais peur que la magie disparaisse, que la plume s’appauvrisse, que les personnages perdent de leur charisme; cependant Jean-Louis Fetjaine tient ses promesses et offre avec ce deuxième tome un excellent moment de lecture. 


Ce deuxième opus permet la transition vers les légendes arthuriennes, qui étaient tout juste évoquées dans le premier tome. On reconnait avec enthousiasme quelques noms fabuleux liés à celles-ci : la terre d’Avalon, le mythe du Pendragon, Arthur… Le cycle bascule insensiblement vers des légendes connues mais oubliées, imprécises. 


Alors que le premier tome, tout en douceur et en légèreté malgré la gravité des évènements, évoquait plus le conte que le roman; La Nuit des elfes emmène le lecteur hors de l’univers des contes. La légende est romancée avec beaucoup plus de détails et de lenteur, le ton se fait plus grave et dramatique. Le premier tome, équilibré, balançait la douleur par l’humour, les trahisons par l’amitié, les meurtres par la générosité. On refermait le livre avec espoir. Or, cet espoir est presque balayé dans ce deuxième tome, anéanti par le peuple des Hommes. Lentement, l’univers du roman s’assombrit et la noirceur du coeur humain abat le lecteur. 


La plume de Jean-Louis Fetjaine est toujours très efficace, très étudiée. Aux passages dynamiques, sanglants et effrayants de brutalité s’opposent des touches de sérénité, de poésie et d’harmonie avec la Nature. L’ensemble est agréablement fluide et compréhensible, alors qu’il emploie parfois des termes d’époque précis et inusités. J’ai apprécié que les religieux s’expriment en latin et j’ai admiré son approche des textes bibliques et de la foi chrétienne car la difficulté était de taille : décrire celle-ci d’un point de vue péjoratif – car dans ce texte, la chrétienté est abominable, en ce sens que ses représentants la détourne de son but premier et l’utilise pour massacrer les peuples qui ont déjà leur propre religion – sans toutefois faire preuve de racisme religieux. Ses phrases sont subtiles, ses mots bien choisis et le lecteur est amené à faire ses propres conclusions. La réflexion n’est bien entendue pas aussi développée que celle menée par les philosophes des Lumières, et surtout, elle ne sert que le récit : comprendre les légendes arthuriennes, comprendre les choix des différents peuples, comprendre surtout les Hommes. 


Dans ce deuxième tome, les personnages prennent une nouvelle épaisseur. La force de Jean-Louis Fetjaine est de faire peser l’ensemble du récit, non pas sur les combats menés – les vainqueurs, les vaincus – ou sur la politique traîtresse et machiavélique des hommes, mais sur les sentiments éprouvés par les différents peuples. L’amour, l’amitié, la jalousie, l’humilité, la pitié, la rancoeur, la haine : tant de sentiments communs et qui orienteront pourtant les choix des personnages, qui traceront leur Histoire. Uther n’aspire qu’à la douceur des bras de Lliane, qu’à la tranquillité d’une baronnie méritée pour sa bravoure : fatigué, il se bat avec sa destinée. Il ne souhaite pas porter sur ses épaules, trop jeunes et si humaines – si fragiles – la vie de peuples déjà mourants. Cependant ses sentiments porteront ses choix, et ses choix le feront Pentagron. Il se résout douloureusement à ce glorieux destin, chaque jour il se vide un peu plus de son essence vitale. La victoire est emplie de tristesse. La plume de Jean-Louis Fetjaine se montre alors talentueuse, car elle parvient à faire ressentir au lecteur cette tristesse, ce vide, ce presque désespoir de l’abandon. 


Les dernières pages me furent les plus difficiles. Alors que renaît l’espoir, que l’on pense pouvoir sourire de nouveau, la chute est hélas inévitable… J’ai refermé l’ouvrage avec tristesse cette fois, mais toujours avec l’envie de poursuivre ma lecture.


One comment

  1. Parthenia says:

    Bonjour Jennifer,

    Ta chronique est très belle et fait ressortir à merveille toute la poésie et la magie du livre !

    En tout cas, tu as deviné juste : j’ai beaucoup aimé ce deuxième tome et j’ai hâte de découvrir le troisième ! :D

    Bon lundi de Pâques à toi ! :)

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